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Paru dans l'hebdomadaire national de la LCR, Rouge

Mouvement Etudiant
Fac débrayée


Rouge 2058 01/04/2004


A Poitiers, les étudiants sont en grève depuis le 18 février. Le mouvement s'étend...

Le mouvement de l'université de Poitiers a commencé dès mi-février, quand les étudiantes et les étudiants de la fac de sport ont constaté la baisse de plus de 40 % du nombre de postes au concours de recrutement des professeurs, notamment d'EPS. Le mouvement touche aujourd'hui l'ensemble du campus, d'une façon ou d'une autre. Les assemblées générales (AG) massives regroupent l'AG interétudiants, la coordination des personnels Iatoss et enseignants-chercheurs, ainsi que la coordination "Sauvons la recherche" ; elles reçoivent parfois le soutien de directeurs de département ou d'UFR. Les différentes universités de Poitiers sont aujourd'hui bloquées et déclarées "facultés mortes". Le mouvement innove par le sérieux de son organisation : planning hebdomadaire, site internet très complet1, actions coup-de-poing bien calibrées.

Les revendications portent sur la baisse de postes aux concours de professeurs, mais aussi sur la baisse des moyens accordés à l'université et sur la précarité des personnels. Des interrogations sur l'harmonisation européenne (LMD) commencent à percer. L'illusion de cette réforme présentée comme l'opportunité d'une plus grande mobilité des étudiants à travers l'Europe et comme la mise en place de filières "professionnali-sante", s'est vite envolée. Les étudiants ont pris conscience de la volonté du gouvernement de transformer radicalement l'originalité de l'université française (comparée au système anglo-saxon) et d'accroître les inégalités déjà bien présentes. Le mouvement étudiant s'oppose à l'autonomisation des universités, à leur hiérarchisation et à la volonté de mettre en place une véritable concurrence entre elles. La réforme LMD est contestée aussi en ce qu'elle va favoriser le renforcement des grands pôles de recherche et d'enseignement déjà existants, et faire évoluer les "petites" universités vers des collèges à l'américaine. Par exemple, un étudiant de La Rochelle pourra effectuer sa licence sur place, mais sera contraint de réaliser son Master à Poitiers et, pourquoi pas, son doctorat à Paris. La formation devient un produit à vendre, dans lequel les étudiants vont devoir "investir" pour réussir... Afin de devenir chercheur ou professeur ?
Les débats en cours dans les AG transcrivent cette crainte et cette compréhension du sens des réformes du gouvernement. Et c'est également au nom de la défense de la qualité et de l'accès à un service public d'éducation que les mobilisations ont lieu. Une attente se forme vers les autres mouvements sociaux, tels que les secteurs hospitalier, culturel, ferroviaire, ou le secteur privé. Difficile de répondre à cette attente avec une couverture médiatique plus que légère, qui commence seulement à se développer, et un syndicalisme bien mal en point dans le secteur.
Des débats et conférences se mettent en place pour répondre au désir d'information. Le gouvernement Raffarin est nommément désigné comme responsable. Le climat des élections régionales ne les dévie pas de l'objectif fixé qui est le retrait de ces réformes. Si Ségolène Royal a prêté dans ses meetings son micro aux étudiants, ceux-ci se battent pour ne pas être rattrapés et récupérés par les jeux d'opposition régionale et nationale. C'est leur mouvement, et ils ne se lassent pas de le rappeler.
Ils savent à qui ils s'adressent, non pas à Elisabeth Morin, candidate régionale, mais directement à Raffarin et à Ferry.
Après Poitiers, le même type d'action connaît un certain succès à La Rochelle, Nantes, Caen, Grenoble. D'autres universités sont en voie de mobilisation, comme Limoges, Montpellier, Clermont ou Reims. Le mouvement doit maintenant prendre de l'ampleur, afin de poser à une échelle plus large les problèmes du service public universitaire.


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